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chapitre xxv

ſalicque. Ou ſi auez paour des mors, comme ont naturellement tous coquz, ie vſeray ſeulement de Sciomantie.

Va (reſpondit Panurge) fol enraigé, au Diable : & te faiz lanterner à quelque Albanoys, ſi auras vn chapeau poinctu. Diable, que ne me conſeillez tu auſſi bien tenir vne Eſmeraulde, ou la pierre de Hyene ſoubs la langue ? ou me munir de langues de Puputz, & de cœurs de Ranes verdes ? ou manger du cœur & du foye de quelque Dracon, pour à la voix & au chant des Cycnes & oizeaulx entendre mes deſtinées, comme faiſoient iadis les Arabes on pays de Meſopotamie ? A trente Diables ſoit le coqu, cornu, marrane, ſorcier au Diable, enchanteur de l’Antichriſt. Retournons vers noſtre Roy. Ie ſuys aſceuré que de nous content ne ſera, s’il entend vne foys que ſoyons icy venuz en la teſniere de ce Diable engiponné. Ie me repens d’y eſtre venu. Et donnerois voluntiers cent nobles[1] & quatorze roturiers, en condition que celluy qui iadis ſouffloit on fond de mes chauſſes, præſentement de ſon crachatz luy enluminaſt les mouſtaches. Vray Dieu, comment il m’a perfumé de faſcherie & diablerie, de charme & de ſorcellerie ! Le Diable le puiſſe emporter. Dictez amen, & allons boyre. Ie ne feray bonne chere de deux, non de quatre iours.


  1. Cent nobles. On croit d’abord qu’il s’agit de nobles à la rose, puis Panurge ajoute pour faire une équivoque : « & quatorze roturiers. »