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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/309

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chapitre ix

manchee. Comment ce manche eſt encoingné. Mais ſeroit ce point la grande manche que demandent les courtiſanes Romaines ? Ou vn cordelier à la grande manche[1]. Paſſant oultre ie veids vn auerlant qui ſaluant ſon alliee, l’appella mon matraz, elle le appeloit mon lodier. De faict il auoit quelques traictz de lodier lourdault. L’vn appelloit vne aultre ma mie, elle l’appelloit ma crouſte. L’vne vne aultre appelloit ſa palle, elle l’appelloit ſon fourgon. L’vn vne aultre appelloit ma ſauatte, elle le nommoit pantophle[* 1]. L’vn vn aultre nommoit ma botine, elle l’appelloit ſon eſtiuallet. L’vn vne aultre nommoit ſa mitaine, elle nommoit mon guand. L’vn vne aultre nommoit ſa couane, elle l’appelloit ſon lard. Et eſtoit entre eulx, parenté de couane de lard. En pareille alliance, l’vn appelloit vne ſienne mon homelaicte, elle le nommoit mon œuf. Et eſtoient alliez comme vne homelaicte d’œufz. De meſmes vn aultre appelloit vne ſienne ma trippe, elle l’appelloit ſon fagot. Et oncques ne peuz ſçauoir quelle parenté, alliance, affinité, ou conſanguinité feuſt entre eulx, la raportant à noſtre vſaige commun, ſi non qu’on nous dict, qu’elle eſtoit trippe de ce fagot. Vn aultre ſaluant vne ſienne diſoit. Salut mon eſcalle. Elle reſpondit. Et à vous mon huytre. C’eſt (diſt Carpalim) vne huytre en eſcalle. Vn aultre de meſmes ſaluoit vne ſienne diſant. Bonne vie ma gouſſe. Elle reſpondit. Longue à vous mon poys. C’eſt (diſt Gymnaſte) vn poys en gouſſe. Vn aultre grand villain clacquedens monté ſus haultes mulles de boys rencontrant vne groſſe, graſſe, courte, guarſe luy diſt. Dieu guard mon ſabbot, ma trombe, ma touppie. Elle luy reſpondit fierement. Guard pour guard mon fouet. Sang ſainct gris, diſt Xenomanes, eſt il

  1. Pantophle. Ce mot eſt extraict du Grec παντόφελλος. tout de liege
  1. La grande manche. Voyez ci-dessus, p. 226, la note sur la l. 5 de la p. 26.*
    * Plus ayment la manche que le braz. Jeu de mots sur manche, pris au sens de mancia, italien, pour épingles, paragante, présent. Ailleurs (t. II, p. 301) Rabelais parle de « la grande manche que demandent les courtiſanes Romaines. »