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Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/315

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Pourquoy les moines ſont voluntiers en cuiſine.

Chapitre XI.


C’est diſt Epiſtemon, naifuement parlé en moine. Ie diz moine moinant, ie ne diz pas, moine moiné. Vrayement vous me reduiſez en memoire, ce que ie veidz & ouy en Florence, il y a enuiron vingt ans[1]. Nous eſtions bien bonne compaignie de gens ſtudieux, amateurs de peregrinité, & conuoyteux de viſiter les gens doctes, antiquitez, & ſingularitez d’Italie. Et lors curieuſement contemplions l’aſſiette & beaulté de Florence, la ſtructure du dome, la ſumptuoſité des temples, & palais magnificques. Et entrions en contention, qui plus aptement les extolleroit par louanges condignes : quand vn moine d’Amiens, nommé Bernard Lardon, comme tout faſché & monopolé nous dict.

I’ay auſſi bien contemplé comme vous, & ne ſuys aueuigle plus que vous. Et puys ? Qu’eſt ce ? Ce ſont belles maiſons. C’eſt tout. Mais Dieu, & monſieur ſainct Bernard noſtre bon patron ſoit auecques nous, en toute ceſte ville encores n’ay ie veu vne ſeulle rouſtiſſerie, & y ay curieuſement reguardé & conſyderé. Voire ie

  1. Vingt ans. 1548 : Douze. C’est-à-dire vers 1532 ou 1536. Cette dernière date est celle des lettres de Rabelais écrites de Rome. Il est probable que lors de ce voyage en Italie il passa par Florence.