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ix
notice biographique sur rabelais

se garde, bien toutefois de chercher à se dégager. « Je ressemble, dit-il, à celui qui, tenant le loup par les oreilles, ne peut se délivrer de cet esclavage. » Les dernières lignes seules nous intéressent ici : « Saluez pour moi Rabelais, votre frère en religion et votre compagnon d’études. »

Un peu plus tard, probablement vers le mois d’octobre ou de novembre, Rabelais, s’étant perfectionné dans l’étude du grec, se hasarda, sur le conseil, ou plutôt l’injonction d’Amy, à écrire une longue lettre à Budé, avec l’espoir d’obtenir une réponse. La réponse ne vint pas. Rabelais, poussé encore sans doute par son compagnon, écrivit une seconde lettre, érudite et badine à la fois, pour réclamer vivement cette réponse espérée. Il menaçait plaisamment d’intenter une action contre Pierre Amy, qui l’avait imprudemment engagé dans cette infructueuse démarche. Cette seconde lettre est datée du 4 mars (1522) ; nous l’avons publiée d’après un autographe qui offre tous les caractères matériels et extérieurs d’authenticité. À la vérité, le style, obscur, embarrassé, froidement plaisant, contraste fort avec les vives et brillantes dédicaces latines écrites par Rabelais quelques années plus tard. Mais il faut mettre en compte la gêne qu’éprouve un écrivain encore inexpérimenté, en s’adressant à un patron littéraire dont la réputation est dans tout son éclat. Une autre circonstance un peu suspecte, c’est que tous les faits allégués dans cette lettre de Rabelais à Budé se trouvent indiqués dans la réponse authentique de Budé à Rabelais ; réponse de tout temps