Page:Rabelais ou imitateur - Le Disciple de Pantagruel, éd. Lacroix 1875.djvu/100

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De vous en garder ayez mémoire,
Tant au marché comme à la foire.

Le neufviesme jour il pleut aprés
Brigandines et blancz harnoys,
Voulges, picques et hommes d’armes,
Et neigea Jacobins et Carmes,
Merciers, pignes et esguillettes,
Et après il pleut tant de fillettes :
De cela je n’en doubte rien,
Car je croy que tout viendra bien.

Le dixième jour, pour abréger,
Il pleut des jouers de bouclier,
Fer à charue et corne de vache,
Et plus d’ung cent de sergeant à mace,
Baillifz, vicontes et lieuxtenantz,
Qui vindrent tous pour ung vent.
Toutes villes en sont fournies,

Jamais on ne vit telles pluy es.
Le unziesme jour furent adventures,
Il pleut abayes et masures,
Moynes noirs, nonnains celestins,
Chartreux, cordeliers, augustins,
Gens aspres assez je vous asseure :
C’est une bonne nourriture ;
Et puis après il grésilla
En latin. Ego flagella.

Le douziesme fut bien aultre ;
Il pleut des escus à la rose,
Des rydes et des ducat ;
Il pleut ung moys des advocatz,