Page:Rabelais ou imitateur - Le Disciple de Pantagruel, éd. Lacroix 1875.djvu/13

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en rapport d’amitié et d’érudition avec Rabelais. On ne saurait admettre que Dolet, qui venait de faire un si grand éloge de Rabelais dans ses Commentaria linguæ latinæ (Lug., apud Gryphium, 1536-38, 2 vol. in-fol.), et qui lui avait adressé deux ou trois pièces de vers latins en témoignage de respectueuse admiration, eût jamais osé lui attribuer une œuvre dont il n’était pas réellement l’auteur.

Il ne s’agit pourtant pas de rehausser outre mesure la valeur de cette œuvre, qui, de même que Les grandes et inestimables Chroniques du grant et énorme géant Gargantua et Les Chroniques admirables du puissant roy Gargantua et de son fils Pantagruel, aura été originairement improvisée par Rabelais, pour distraire et amuser les pauvres malades vénériens, qu’il soumettait au traitement des sudorifiques, dans les limbes ou étuves de l’hôpital de Lyon. Nous ne répéterons pas, à ce sujet, ce que nous avons dit ailleurs, en commentant ce passage très-significatif du Prologue de l’auteur en tête du second livre de Pantagruel : « Que diray-je des povres verollez et goutteux ? O quantes foys nous les avons veus à l’heure qu’ilz estoyent bien oingtz et engressez à poinct, et le visaige leur reluisoit comme la claveure d’ung charnier, et les dents leur tressailloyent comme font les marchettes d’ung clavier d’orgues ou d’espinette quand on joue dessus, et que le gosier leur escumoit comme à ung verrat que les vaultres ont aculé entre les toiles ! Que faisoyent-ils alors ? Toute leur consolation n’estoit que d’ouyr lire quelque paige dudict livre. Et en avons veu qui se donnoyent à cent pipes de vieulz diables, en cas qu’ilz n’eussent senti allégement manifeste à la