Page:Rabelais ou imitateur - Le Disciple de Pantagruel, éd. Lacroix 1875.djvu/42

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sorte qu’il jectoit lesdictes nefz et galères à plus de cent lieues de là, et les brisoit et rompoit contre les roches de la mer ; parquoy il n’y avoit homme, tant fust hardy, qui l’osast assaillir par mer ny par terre, ne qui sceust approcher de luy s’il n’eust voulu, à cause du vent qui luy sortoit du trou du cul, soubz le nez de vous, tant souffloit fort. Je vey une fois qu’il fist une roste, mais il en jecta par terre plus de huyt mille maisons d’une bonne ville qui estoit bien à trente lieues de là. Je luy ay aultresfois veu rompre ung mast de navire d’ung morveau quand il se mouchoit, et le vent de ses narines jectoit par terre une tour aussi grosse que l’une des tours Nostre Dame de Paris, qui est une chose difficile à croire qui ne l’auroit veu comme moy, et maistre Thiburce Diariferos,qui escripvoit soubz moy ses merveilles. Quand il vouloit affamer ung pays, il ne faisoit que souffler au derrière contre les moulins à vent, parquoy il les jectoit tous par terre et les rompoit et brefilloit tous par pièces, musnier et tout. Au regard des moulins à eaux, il les noyoit et faisoit aller aval l’eau quand il pissoit au dessus. Il monta quelque foys amont ung fleuve environ dix lieues jusques à Tendroict d’ung lieu où l’on passoit au basteau, et s’endormit sur le bord dudict fleuve ; et lors le membre luy dressa, en sorte qu’il s’estendit jusques à l’aultre rive au travers l’eau, et demoura ainsi toute la nuict. Lors ung chartier venant bien tard du boys