Page:Rabelais ou imitateur - Le Disciple de Pantagruel, éd. Lacroix 1875.djvu/56

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bitent, duquel Lucian faict mention en son livre des Vrayes Narrations.

Or estoit il environ la my may, au jour propre que la royne faisoit la grande feste et solennité de son natal ; à ceste cause nous feusmes invitez et semondz au festin et banquet, qui fut si triumphant et si magnificque que je ne vous en ose pas bonnement descripre la pure vérité, de paour que j’ay d’en mentir : car à celluy jour estoient là assemblées toutes les Lanternes du monde, comme vous pourriez dire les Cordeliers en leur chapitre general, pour traicter des négoces et affaires desdictes Lanternes et de leur royaulme. Elles furent toutes en procession en bel ordre deux à deux, chantans si mélodieusement qu’il n’est possible de jamais ouyr plus doulce armonie.

Les unes jouoient des haulxboys, les aultres de saquebuttes, doulcines, clairons, trompettes, et cornetz d’y voire, et marchoient devant, sonnantz si doulcement que vous n’eussiez pas ouy le ciel tonner. Elles marchèrent toutes en tel ordre jusques à ce qu’elles fussent toutes entrées dedans la grand sale du palays de la royne, là où les tables estoient dressées et préparées pour le festia et banquet. Et après qu’elles furent toutes entrées, nous entrasmes par commandement en ladicte salle. Lors la royne nous fîst dire par nostre truchement, lequel parloit bon lanternoys ; que nous n’eussions aulcune craincte ; et, lors que nous fusmes tous entrez, les portes