Page:Rabier - Les contes de la chèvre noire, 19xx.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA TAUPE ET LA LUNE

Une taupe, surgissant de sa taupinière, semblait abîmée dans de sombres réflexions :

— Je ferais de jolies promenades nocturnes à travers cette vallée, si je n’étais génée par cette maudite lune, cette infernale curieuse qui me poursuit sans trêve ni répit.

Je l’ai toujours sur mes talons : vais-je à droite ? elle suit à droite ; vais-je à gauche ? elle suit à gauche. Et moi qui aime tant la solitude ! Pourquoi cette lune poursuit-elle mes rêves sans trêve ni merci ? Je crois bien que si, de temps en temps, les nuages ne la masquaient un peu, ce serait à ne plus mettre le nez dehors.