Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/149

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— Oui, et taisez-vous parce que je ne réponds plus de moi.

Spontanément, Maxime lui tendit les mains.

— Lorsqu’on aime une femme d’un pareil amour, Soirès, on ne saurait être ridicule. Vous venez chercher la vérité… la voici : Berthe vous rend toute votre affection… elle ne se doute encore pas du danger… De mon côté, j’ai la conscience tranquille ; cependant, comme je suis homme, pas de la même façon mais autant que vous, je renonce aux études en question. Je tâcherai de fuir madame Soirès… C’est conclu.

Il souriait de son beau sourire franc.

Le banquier mit ses mains derrière son dos avec un mouvement de mauvaise humeur.

— Le joli rôle que vous me faites jouer ! grommela-t-il.

Maxime alluma un second cigare.

— Pourquoi diable vous avisez-vous d’être heureux, messieurs les maris ? murmura-t-il gaiement, et par des procédés enfantins, ce n’est pas raisonnable !… Somme toute, j’allais être réduit, moi, l’amant, au rôle de l’époux le plus froid de la terre… cela dans la lune, selon votre juste expression !…

Soirès fronça les sourcils.

— Un serment, monsieur de Bryon ; vous autres, gentilshommes, si vous n’êtes pas heureux, l’orgueil vous demeure : Vous allez me jurer que vous ne reverrez jamais Berthe.

Maxime, de pâle qu’il était, devint livide.