Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à Berthe, il se repentait et son repentir valait ses excuses, car il se promettait d’user de pareils procédés à la première occasion.

. Les adversaires se placèrent à vingt pas l’un de l’autre, les pistolets leur furent remis chargés. Jean visita le sien pour éviter toute espèce de plaisanterie de la part de ses témoins. Desgriel donna le signal.

Soirès visa le cœur de Maxime, la balle passa au-dessus de l’épaule. Le banquier n’avait pas la main ferme ce matin-là, et les mauvaises actions de sa nuit alourdissaient ses doigts ; il ne voyait même pas son but… il tirait pour tuer n’importe comment, ayant une chance en trois coups. Maxime visa l’oreille gauche de son adversaire, et l’atteignit : cette très légère blessure étonna tout le monde. Alors, il y en avait un qui se réservait d’être généreux. Probablement, songeait Desgriel, celui qui avait ramené le domino rouge !…

Soirès se secoua comme s’il avait reçu une piqûre de guêpe. On rechargea les pistolets.

D’un commun accord, les adversaires faisaient signe qu’ils seraient heureux de continuer.

Jean révisa au cœur, la balle ne se perdit pas, cette fois, et cependant Maxime, encore souriant, tira en l’air.

Puis il s’appuya sur l’épaule de l’officier d’Afrique. Celui-ci avait deviné la blessure à la subite pâleur du jeune homme. Soirès fit quelques pas.

― Vous êtes touché, Monsieur ? demanda-t-il.