Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/236

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rieuses recommandations, puis il la trouvait adorablement jolie, pourquoi lui aurait-il demandé autre chose ?

Un jour, pendant qu’elle visitait la serre du château, elle fit un faux pas et faillit se laisser choir dans une corbeille de tubéreuses. Il la releva avec un sourire un peu narquois ; il était vieux, lui, et pensait que la plaisanterie était permise.

— Il ne faudrait pas recommencer dans quelques mois, Madame, dit-il d’un ton plein de bonhomie, les tubéreuses sont traîtres aux accouchées !

Elle pâlit, ne répondit rien, mais elle ne voulut plus visiter Bryonne. Une dignité inexplicable naissait en elle avec son enfant.

Elle avait consenti d’avance à toutes les allusions, voire même aux injures, pendant qu’elle ignorait son état, mais maintenant… elle portait le fils ou la fille de Jean Soirès, son époux… il lui fallait se respecter.

Elle borna ses promenades aux murailles du parc, à l’endroit de la percée dans les arbres, elle restait sur le seuil d’une petite porte grillée tout enguirlandée de chèvrefeuille qu’elle ouvrait facilement seule, et elle souriait de loin, à la fenêtre ogivale de la chambre de Maxime, cette fenêtre dont les élégants vitraux coloriés scintillaient comme un regard intelligent.

Au mois de juillet, la chaleur et sa fatigue l’empêchèrent de faire une course aussi longue, et ne voulant plus être tentée, elle lança la clef de la