Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/30

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I


Dans cette chambre, au luxe lourd et sombre, venaient mourir doucement les murmures de la fête. Une seule lampe brûlait sur un meuble, et par la porte, grande ouverte, on apercevait les scintillements du bal comme on peut apercevoir une aurore du fond d’un gouffre.

Une étoffe veloutée, de nuance indécise, ou bleue ou vert émeraude, drapait les murs, retenue au cintre par des crampons dorés. De longs ramages bizarres s’élançaient du sol pour se perdre en l’air, brodés dans l’étoffe avec un relief saisissant. Le lit, en laque, avait çà et là des reflets pâles et présentait des figurines chinoises mélancoliquement plaquées sur la matière noire et précieuse. Ce lit, énorme, tenait le