Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/121

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quelqu’un qu’on chasse. Elle eut, hélas ! la funeste idée d’en prévenir James secrètement.

On peut bien penser que la noce ne fut pas gaie pour moi. Je fis bonne contenance, autant qu’il m’était possible de le faire, étant placée à la gauche du marié. Les invités n’étaient pas nombreux : il y avait le pasteur, un homme aux joues pleines, aux yeux bleus remplis de mansuétude. Il eut la maladresse de faire une allocution assez longue aux jeunes époux ; il leur dit que la meilleure façon de vivre dans ce monde était de se comporter en bons Anglais, c’est-à-dire d’avoir de solides qualités de famille, de mettre son intérêt unique à bien gérer son patrimoine qui doit revenir aux enfants, d’élever ceux-ci dans les principes religieux et moraux ; vivre pour soi, entre soi ; ne point se donner ni aux petits, ni aux grands penchants, qui toujours, bons ou mauvais, entraînent la ruine de la maison. Il prêcha à l’épouse la vertu dont elle avait donné un touchant exemple, en assistant régulièrement aux offices ; à l’époux, il recommanda la tendresse, la douceur envers sa jeune femme.