Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/68

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ce monde, et nous jouâmes. Petit à petit, James se glissa derrière ma chaise, il m’indiqua les cartes à faire tomber ou à donner. Je gagnai la première partie. On prit une revanche.

Je m’amusais ; ma migraine avait cessé, je restai pour la revanche. Ce fut lui qui la gagna. Il n’avait pas grand mérite, car il était appuyé au-dessus de mes épaules et regardait mon jeu continuellement.

Un ouvrier alla laver un verre à la pompe et me l’apporta net comme du cristal. Il l’emplit d’ale et me dit en riant :

— Allons, miss, portez un toast aux ouvriers de Peddry, pour leur prouver que votre ancienne fierté n’existe plus. Il fallut boire.

James prit vivement le verre de ma main et acheva le reste en mon honneur. Puis, il me conduisit jusqu’à la barrière ; là, il me dit en me regardant affectueusement :

— Miss, je vous remercie d’être aussi gracieuse pour nous ; nous ne sommes point des gentlemen, mais nous comprenons les bonnes paroles.

Burrague rôdait autour de nous, je lui passai les doigts sur la tête. James, en voulant le re-