Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/200

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Hereld rit silencieusement. Qu’ils aillent à la victoire ou à la mort, il aura vu beaucoup de rouge !

Il s’agrippe aux épaules de Rohild qui n’ose pas regarder son méchant génie, cet enfant carnassier, nu et duveté de blond, moitié agneau et moitié tigre, flairant l’amour dans les blessures.

La bête déroulera donc toutes ses entrailles avant de succomber ? Rohild revoit devant ses yeux brouillés par le vent cinglant de leur fuite, la silhouette charnue, ornée de deux mamelles vernies de soleil, éblouissantes. Il a le vertige. Où vont-ils ? L’ivresse de leur chasse l’empêche d’y songer. Si le harpon se détache, un recul violent les roulera pêle-mêle dans leur canot, mais si cette femelle est vraiment une puissante fille du Nord, elle emportera ses bourreaux jusqu’à ses palais de glaces, de bleuâtres et irréelles forteresses où le ressac jaillit en aigrettes de diamants.

Est-ce que la banquise approche, se