Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/151

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Seulement il tordait sa moustache, très gêné que ses domestiques le vissent avec la femme de son capitaine dans un laisser-aller de pékin qui fait la noce.

— Voyons, toi, fais-lui des risettes, dit madame Corcette, enlevant le bébé des bras de la nourrice.

Et tous les officiers l’entourèrent, sachant que c’était là le point faible de Daniel Barbe.

On finit par offrir une galette à la franc-comtoise, on lui glissa des pièces blanches, le colonel sentant un besoin d’indulgence pour lui-même, car il menait une vie de jeune homme depuis quelque temps, lui pardonna, tout en lui recommandant de mettre l’ombrelle sur la tête de Célestin.

— Et nous, Messieurs, je propose d’aller visiter la ménagerie, fit madame Corcette, très fière de traîner un régiment à sa jupe en la personne de son chef… Ils sortirent de la tonnelle où ils laissèrent des morceaux de galettes avec des verres de chartreuse.

Mary se serrait contre Siroco, et celui-ci, moins rassuré, tenait Castor par son collier. Ils faisaient une piètre mine, tout poudreux qu’ils étaient, semblables à des vagabonds de la foire qui vont, après leur maigre repas, endosser le maillot de l’équilibriste ou la blouse bariolée du paillasse. Mary tremblait d’une colère qu’elle n’osait avouer.

— Toujours mon frère ! dit-elle les dents grinçantes. Ah ! si c’était moi qu’on eût trouvée ici, tu aurais vu quelle semonce… Cette madame Corcette qui m’amusait autrefois… elle s’amuse avec papa,