Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/200

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— Mon adresse ! rugit le colonel, de rouge devenu pourpre, ah ! çà, Monsieur ! je vois bien que le français vous est de plus en plus inconnu. Mais puisque vous y tenez, je vais vous apprendre le hussard, moi… Non, Messieurs, ajouta-t-il en repoussant toutes les mains qui se tendaient avec joie vers la figure du docteur, je désire vider seul ce petit différend. Les leçons de beau langage me reviennent de droit, au 8e. Monsieur le docteur, vous êtes un drôle.

— Ah ! çà, colonel, s’écria l’Alsacien, partant d’un éclat de rire, est-ce que vous êtes fou ?… Je suis ventru, je suis un drôle, expliquons-nous, mon Dieu !… expliquons-nous !

Aussitôt de Courtoisier, le plus près, lui monta sur les pieds, Pagosson le poussa du coude en faisant des hum ! hum ! épouvantables. Quant au colonel, il lui envoya sa carte au nez d’une chiquenaude très réussie. Le docteur pâlit, puis rompant le cercle d’un coup de poing à assommer un bœuf, il s’éloigna, tandis que de Courtoisier, l’épaule démise, sortait de la main gauche son sabre du fourreau.

Il s’ensuivit une bagarre. Madame Corcette s’évanouit, Tulotte emmena Mary qui trouvait cela très amusant, et le docteur continua sa route, la face pâle, sans rien penser de plus.

Cet homme possédait dans la ville des Juifs une petite maison très close, très blanche où une belle plaque de cuivre sur la porte énumérait tous ses titres de médecin, accoucheur, diplômé, et palmé par les instituts. Un gentil perron frotté chaque matin au