Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/273

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pucins de cartes des tas de filles nerveuses que d’ailleurs il ne se chargerait jamais de guérir, se contentant des manifestations curieuses de la catalepsie, sans songer à autre chose ; filles et chiens étaient là pour servir de vulgaires mannequins à souffrance. Les plus tranquilles, botanistes et chimistes, se montraient réciproquement des articles du Bulletin de la Société de géologie, des Annales des sciences naturelles, entamaient des récits de l’époque quaternaire, ne s’étant peut-être pas vus depuis une année et réunis à l’occasion solennelle de cette fête, ne se demandant même pas de leurs nouvelles, mais constatant, non sans plaisir, que cette époque quaternaire prenait des phases inattendues grâce à la découverte récente d’un crâne. Il y en avait un, maigre, d’aspect maladif, ayant son plastron mis tout à l’envers, aux manchettes fripées, aux gants dépareillés, qui allait de groupe en groupe, les cheveux droits comme une corne de tarasque, répétant qu’il avait enfin un oursin que personne ne pouvait définir, son oriolampas, quoi ! Cet oriolampas le mettait hors de lui depuis des mois. Il y rêvait la nuit et le contemplait le jour. Quelques jeunes, très brutaux, s’abordaient en se demandant :

— As-tu vu son ours… hein ?

L’oriolampas était la scie favorite et le bonhomme charmé, n’ayant jamais fait un jeu de mots de son existence, se cramponnait à ses jeunes pour leur montrer son oriolampas, d’une petitesse surprenante.