Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/371

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La comtesse lui baisa la main, lui relevant son gant avec une feinte humilité.

— Oh ! toi, dit-elle, tu es une tigresse, et c’est pour cela que je t’obéirai… jusqu’à ce que tu m’obéisses… Je serai sage, tes secrets seront respectés.

Fronçant les sourcils, madame de Caumont se tut.

Arrivées à l’extrémité du faubourg Saint-Germain, elles descendirent devant une porte bâtarde et pénétrèrent par un escalier de service dans la demeure de la comtesse.

Sur le lit de la chambre à coucher, un lit ruisselant de vieilles guipures, le baron était assis, le visage ahuri, les mèches de ses cheveux déjà grisonnants tout en désordre ; il avait mis son pantalon, il s’examinait devant une glace.

— Hein ! marmotta-t-il, mes deux femmes !… Voilà ce que je voulais voir… Si vous vous bécotiez, à présent que nous sommes de bons amis !

— Il radote, dit la comtesse indignée.

— L’accès est terminé… répliqua la baronne, qui avait tâté le pouls de son mari avec l’expérience d’un docteur. Monsieur, vous donnez beaucoup de peine à cette excellente comtesse, il faudrait vous lever et me suivre, sinon, je plaide !

— Oh ! Mary… sois généreuse !… partons vite… C’est elle qui me racontait qu’elle voudrait t’avoir là, près de nous… J’en ai eu un fou rire et des syncopes ! Je sens bien que tu vaux mieux que moi !