Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/49

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que je rêvais tout éveillé ? Voilà que j’entendis chanter une femme !…

D’abord ce fut tout doucement, un ronron qui venait du fond de la tour, une donzelle qui serait montée en disant un motif de valse. Puis ça enfla, et j’entendis des paroles. Une voix si malade, une voix si dolente, une voix qui vous fondait les entrailles. J’en eus de la peine. Je cherchais à me réveiller tout à fait. Je ne pouvais plus, j’étais attaché par ces sacrées ficelles de lumière, j’avais chaud, j’en suais.

Ça montait toujours.

On ouvrit ma porte, celle du côté de l’escalier. Je reconnus le vieux qui entrait à pas de loup. Je me décollai les paupières. Il marchait ses bras traînants, selon sa coutume, la tête bien emmitouflée dans une casquette à oreilles de laine, deux grosses mèches de cheveux lui tombaient le long des mâchoires.

Il avait des cheveux la nuit, ce vieux-là ? C’était drôle.

Je me mis assis et je lui criai :