Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/151

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égarer mes ficelles. Mon cerveau se frappait peu à peu. Je ne croyais pas beaucoup aux contes de nourrice, car j’allais au collège, où l’on apprend à ne plus craindre les coins noirs ; mais je voyais maman trembler dès que le crépuscule envahissait la chambre, papa était soucieux, Marie gémissait. Il fallait tirer tout cela au clair le plus tôt possible, et, s’il y avait un ennemi, en délivrer rapidement la famille. Je résolus de m’adresser à notre bonne pour obtenir une confession complète. Marie était naïve, moi j’étais rusé comme un Peau-Rouge ; nous verrions bien lequel de nous deux serait trop jeune !… Un soir, j’arrivai dans la cuisine en marchant sur la pointe du pied, ayant des allures très mystérieuses.

« Marie, dis-je, regardez par la fenêtre du côté du dernier buis ! »

La bonne lâcha une cafetière qu’elle remplissait d’eau et tourna les yeux vers la fenêtre sombre.