Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/275

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après ! Tant pis ! J’irai… ne fût-ce que pour le manteau. Se griser de vin pur est peut-être meilleur que s’enivrer lâchement des boissons hygiéniques de la coopérative. Pouah ! J’en ai assez.

Vers onze heures, cette nuit-là, Marguerite, qui avait joué la marche des Soldats de Faust à M. Davenel et servi son thé avec sa grâce maussade accoutumée, monta dans sa chambre sans aucune hâte. M. Davenel, pendant qu’elle montait, faisait sa ronde, constatant que tous les verrous étaient en bon état. Il cadenassa lui-même la barre des volets de la bibliothèque, qui donnait sur le grand chemin de Flachère, et pria la bonne de remettre de l’huile dans une veilleuse, celle du corridor. Il faisait cela tous les soirs, le brave homme, et bien que sa fortune fût dans les banques il ne manquait pas d’aller vérifier le contenu de son coffre-fort. Tout en exécutant ces différents exercices de bon défenseur de la société Flachère et Cie, il fredonnait la marche des soldats en question. Il y avait, dans cette musique, on ne savait quoi de belliqueux, de généreux, d’entraînant à des combats imaginaires. Il aurait voulu voir sortir un voleur de l’ombre pour lui donner une leçon de boxe, lui fourrer cent sous dans le gousset et le renvoyer guéri.