Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/277

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Bonsoir, gamine ! Ces journalistes sont de véritables pestes dont nos vents d’Ouest ne donnent qu’une faible idée. Ça se faufile partout, ça raconte tout. Je t’assure que ce soir, sans blagueur et avec seulement un peu de musique, je me trouvais plus à mon aise qu’hier. Ta… tata… tata tâ ratatata !

Dans l’éloignement du corridor le refrain éclata en fanfare. Il était content, le bonhomme, d’avoir piqué un peu la baudruche de ce jeune héros qui semblait plaire.

— Tâ !… taratatata !…

Comme tous les soirs, il posa un revolver chargé sur sa table de chevet, souffla sa lampe et s’endormit.

Dans sa chambre virginale, toute tapissée de ronds au crochet qui faisaient des raies lunaires à l’ombre, la grosse araignée blanche veillait. La nuit était en effet très paisible. On entendait seulement bruire dehors l’eau souterraine ronronnante et flaireuse de putréfaction. Il faisait chaud, des étoiles filaient parfois au-dessus du champ de roses, laissant choir dans l’infini la lourdeur de leur monde avec le jet d’une fleur qu’on fauche. L’air chargé de parfums violents