Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/35

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Il arriva de l’autre côté du clos.

— Par où êtes-vous passé, Monsieur ? osa-t-elle lui demander.

— Par ma porte particulière, Mademoiselle, répondit froidement le personnage. Comme je ne possède point de clé, moi, j’ai dû faire un trou dans le treillage, d’ailleurs fort solide, et je viens de sortir par ce même trou. Chacun ses entrées, les cerises seront mieux gardées !

Marguerite se mit à marcher vite.

— Nous pouvons courir, si cela vous amuse, fit observer l’homme un peu aigrement.

Marguerite ralentit.

— Il me semblait vous avoir dit, objecta-t-il d’un ton sévère, que j’étais fatigué.

Marguerite pensa qu’il devait être aussi fort vieux, et une pitié l’envahit. Elle chercha vainement à régler son pas sur le sien, constatant qu’il allait beaucoup plus vite qu’elle malgré son grand âge. Puis elle songea aux cerises volées, au trou du treillage et à la réception que son père lui ménageait. Elle espérait qu’on ne la gronderait pas. Non seulement on lui recommandait de lire « avec fruit », mais encore « de soulager toutes les infortunes ». (M. Davenel répétait souvent, au dessert : « J’ai bien