Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/91

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au sujet des infiltrations meurtrières dans les puits, les fontaines, les mares ; les carrières s’éboulant soudain dans l’irruption d’une cataracte nauséabonde, les rafales de vent d’ouest emportant des odeurs affreuses des kilomètres plus loin, les faisant s’abattre comme une trombe d’épouvante sur des pays de plaisance, villas pimpantes, pavillons de chasse, rendez-vous d’amoureux d’où fuyaient les habitants éperdus… et, quelquefois, jusqu’aux oiseaux.

Les oiseaux (les rossignols particulièrement) aiment l’eau pure. Ils la boivent dans les ornières, mais ils aiment mieux la distiller eux-mêmes sans passer par les lois compliquées de l’hygiène moderne. Les petits roucouleurs se fichaient tellement des successifs ministres de l’Agriculture qu’il n’en restait plus autour de Flachère. Si les roses y sentaient plus fort qu’ailleurs, d’une senteur pesante à force d’être magnifiée, les oiseaux, eux, n’y voulaient plus chanter, ce qu’ils voyaient, pourtant de haut, leur coupant la respiration. Seuls, les funèbres corbeaux, luisants de prospérité comme le bon terreau noir, se promenaient en bandes et trituraient du bec, faisant peu à peu la conquête de leur véritable domaine seigneurial, une contrée