Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pendant que les autres applaudissaient, absolument remis dans la joyeuse vie normale par le bruit des castagnettes. On fit une ovation au danseur et à son chef d’orchestre. Cela clôturait bien une soirée qui aurait pu tourner au macabre sans l’esprit de la maîtresse de la maison.

Les invités partirent enchantés, accompagnés dans l’escalier par Michel, bon prince, laissant quelques minutes de tête à tête aux deux fiancés qu’il jugeait un peu en froid.

— Monsieur de Pontcroix, dit Marie, la gorge serrée, je vous remercie pour cette bague et ces fleurs. J’accepte la couleur de vos dons sans m’en plaindre. Vous êtes un poète… et la légende bretonne ne m’épouvante pas. Je serai fidèle. N’ayant eu qu’un amour, je peux lui consacrer toute ma vie.

Elle souriait héroïquement, mais ses lèvres tremblaient. Il saisit ses mains, l’attira jusqu’à lui.

— Ma belle chérie, vous ai-je fait de la peine ? Je regardais vos cheveux, qui ont la nuance du sang, le reflet pourpre du coucher du soleil sur les fleurs d’or des landes de mon pays… j’étais complètement ivre.