Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/163

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— Va donc le voir, mon Michel, et décide pour moi. Je ne sais plus ni ce que je veux, ni ce que j’aime. Je suis étonnée qu’on veuille m’épouser pour m’éloigner de tout. Je te donne plein pouvoir. N’importe quelle solution, mais pas devenir folle ! Ah ! ça fait trop de mal ! Je n’ai pas l’habitude, moi, d’avoir peur. Si je te disais que, la nuit, je commence à regarder ma fenêtre pour y guetter le fameux oiseau qui… évente les femmes avec ses ailes !…

Pendant que le jeune homme descendait de l’atelier pour aller s’habiller, il murmura :

— Ça… ou les coups ! On ne les a qu’avec ces deux systèmes, très peu perfectionnés ! Et ma sœur, cette merveille, ne vaut pas mieux qu’une autre devant l’amour ! Ce Monsieur-là va me payer cher cette vérité. Du diable si je n’étrangle pas cette brute ! Moi aussi, je vois rouge.

Au Majestic, Yves de Pontcroix habitait un appartement d’un luxe banal de grand hôtel, en attendant le mariage qu’il avait fixé au printemps pour aller passer leur lune de miel, soit au château breton, soit en un voyage aux pays lointains : l’Asie ou l’Amérique.

Dès qu’on lui annonça la visite de son