Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/271

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— Entrez ! dit-elle, mise debout surtout par son irrésistible envie de fuir.

Son cœur battait à se rompre. Elle espérait bien que sa vie s’arrêterait là, devant le désespoir de ne rien oser tenter pour venger le mort. Que pouvait-elle, qui ne serait pas odieux ? Ce à quoi elle pensait la révoltait, mais lui laisserait-il le temps, voudrait-il regarder autre chose qu’elle même ?

Il s’avança de son pas souple.

— Marianeau, fit-il, d’un ton relativement affectueux, vous êtes très fatiguée par ce dur voyage, tellement rapide qu’il vous a coupé le souffle. Je vous en prie, ne respirez pas en haletant comme si vous étouffiez. Tenez ! Vous tremblez si fort que vous allez tomber. (Il l’enveloppa de son bras et la fit se rasseoir auprès de lui.) Qu’est-il donc arrivé de plus que ma laideur ou ma brutalité pour vous éloigner de moi ? Il y a autre chose que votre frayeur de petite fille devant l’ogre ? Que vous a-t-on dit ? Vous n’imaginez pas ce que peut être le tourment d’un jaloux tel que moi. Allons, un peu plus de courage ! Avouez que vous continuez à me craindre… malgré que vous m’ayez permis les audaces.