Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/76

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payé la note et j’ai reçu, ce matin même, le désistement de la plaignante. Je regrette seulement que Monsieur votre frère ait eu l’idée, tout à fait inconvenante, de vous narrer cet incident. Dans un certain monde il y a des choses que l’on ne raconte jamais à sa sœur.

— Mais dans l’autre, riposta Michel, si on les faisait, on ne sortirait de l’audience qu’orné d’une bonne petite condamnation pour coups et blessures ! Vous avez bien de la chance d’avoir déniché un commissaire de police intelligent. Mes félicitations. Voulez-vous des Muratti ?

Et il se rapprocha, très apprivoisé, très à son aise, lui tendant son étui à cigarettes comme s’il eût été chez Fusard, en plein atelier.

Sa sœur intervint, heureusement, opposa un geste et cueillit l’étui.

— Michel, dit-elle d’un ton très doux, tu sais bien qu’il t’est défendu de fumer ! Tu ne seras donc jamais qu’un enfant désobéissant !

Yves de Pontcroix murmura entre ses dents : — S’il a encore, selon vous, l’âge du fouet, passez-le moi, je vous en prie !

— Soyez bon, monsieur. Une fois n’est pas coutume. J’ai tant souffert par lui… que je l’aime beaucoup.