Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/122

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sa cousine, montrant un visage sombrement résolu à la bouche cramoisie.

Basine riait de toutes ses dents de louve blonde. Chrodielde avait l’aspect peu rassurant de celle qui va mordre et elle tordait, en outre, une petite baguette de coudrier. Têtes nues, toutes les deux couronnées de leurs seules chevelures courtes qui bouclait sur les tempes de Basine, ourlait, d’un feston noir, les oreilles de Chrodielde, elles se vêtaient pareillement de deux robes de lin garnies d’une ganse d’or.

Elles s’avancèrent se tenant par la taille, en dépit de la règle qui prescrivait les allures nonchalantes, puis se campèrent, bien droites, au premier rang des jeunes nonnes, laissant cependant entre elles et la traîne de leur jupe un espace de plusieurs pas.

L’abbesse les toisa de leur tête altière à leurs pieds nus et souffla, comme effrayée de leur apparition. Vainement chercha-t-elle une sentence appropriée à leur effronterie. Sa mémoire lui faisant défaut, elle se contenta de lever les yeux au ciel.

— Je vais donner lecture, gronda-t-elle, d’un pieux commandement qui fut envoyé à la bienheureuse maîtresse et fondatrice de ce monastère. Que chacune de vous, mes sœurs, en tire un profit salutaire pour ses méditations.