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monsieur vénus

un grand esclave en bronze, servait de fanal. Au moment où Raoule entra dans le cercle de lumière projeté au centre de la pièce, une femme habillée simplement comme une domestique se détacha de la tenture sombre.

— Que me voulez-vous ? murmura la mariée redressant sa taille souple et laissant à ses pieds se dérouler l’immense traîne de sa robe d’argent.

— Vous dire adieu, ma nièce, répliqua Mme Élisabeth, dont le visage pâle, tout à coup éclairé, semblait surgir comme une évocation spectrale.

— Vous ! ma tante, vous partez ?

Émue, Raoule lui tendit les bras.

— N’embrasserez-vous pas une dernière fois votre neveu ? fit-elle d’un son de voix plus respectueux et plus doux.

— Non ! dit la chanoinesse secouant le front. Quand je serai là-haut ! peut-être ! mais ici je ne puis me résigner à couvrir de mon pardon les souillures de la fille perdue. Adieu, mademoiselle de Vénérande. Mais avant mon départ, sachez-le : si sainte que Dieu veuille que je sois, il m’a permis d’apprendre vos horribles débordements. Je sais