quillité lui revenait. Soudain Nono avec une gravité solennelle :
— Renée, tu es la fille du général Fayor et je suis son secrétaire ; il n’est pas loyal que, dans la maison de ton père, je prenne ces libertés. Veux-tu que je quitte Tourtoiranne demain ?
— Tu parles comme un homme, tu es donc grandi depuis notre course en voiture ? »
Et, tout attendrie, elle caressait sa tête brune.
— Réponds-moi, Renée.
— Soit ! Va-t’en ! T’ai-je dit que je t’aimais ? Je ne me le rappelle plus ! Oublie-moi ! L’oubli est prompt à ton âge. Le doux bonheur que tu m’as donné vaut une éternité de passion ! »
Elle se renversa à demi, les paupières closes, la lèvre mordue par ses dents fines.
— Je ne m’en irai pas ! cria Nono effrayé », car le désespoir de la jeune fille n’était que trop visible.
Elle fit un effort surhumain et se redressa.
— Un malheur guette mon bonheur, vois-tu… Il vaut mieux, en effet, que tu sois loin quand il me le prendra.
— Bien ! je m’en irai et je reviendrai chaque soir, c’est entendu…, je coucherai dans la verveine, sous la croisée. Ne crains rien ! j’arrêterai le malheur, moi ; j’ai des poings ! »
Et il les lui montra, très serrés, très larges, prêts à assommer n’importe qui.
— Tu es insensé, Bruno ! répondit-elle, déjà toute tremblante à l’idée qu’il pourrait se compromettre