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nono

mon unique force… Est-ce que je sais ce que nous allons devenir ?

— Les femmes sont toutes méchantes, murmura Bruno douloureusement ; elles veulent qu’on les respecte et elles vous trahissent.

— Je t’ai trahi ?

— Sans doute. Tu me dis que tu en sais plus que moi. »

Et il sanglotait sous ses poings fermés. Elle l’enlaça dans une étreinte folle.

— Nono, Nono ! je plaisantais, mon adoré ! Tu me repousses ? »

Il l’avait repoussée, ivre d’une colère soudaine.

— Ah ! s’écria-t-il désespéré, si tu en as aimé un autre, dis-le, que je meure tout de suite, car je ne veux pas appartenir à une femme, moi, si elle ne doit jamais m’appartenir ! »

Il y avait dans ce cri naïf toute la dignité de l’amour.

Renée laissa retomber ses bras.

— Tu mourrais ? »

Nono sauta sur la panoplie et décrocha ce petit revolver qu’elle avait armé un matin.

— Tu vas voir, dit-il. »

Elle crut à une bravade d’enfant.

— Nono, il est chargé ! »

Nono voyait bien à présent qu’elle ne voulait pas répondre. Il savait son secret. Ce secret ne pouvait être qu’un homme. Il attendit un coup de tonnerre