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saires de pacotille égarés dans notre beau pays — continua le général, arpentant la chambre. Je suis un brave et je réclame… Que fais-tu donc, Bruno ? Est-ce que tu deviens fou ? »

Nono au lieu de répondre s’était levé, les deux mains en avant, le regard fixe.

— Général, dit-il d’un ton étranglé, une voiture qui marche toute seule !… »

Le général se retourna tout d’une pièce.

— Vingt-cinq millions de… »

Puis, malgré son discours et l’intérêt qui l’empoignait lui aussi, il ouvrit de grands yeux, car cette calèche et ces trotteurs silencieux semblaient absolument magiques.

— Que signifie ?… Une mauvaise plaisanterie ? » grommela le Sabreur.

Pour lui, tout ce qui s’écartait de l’ordinaire était une mauvaise plaisanterie.

Mlle Renée ! s’écria encore Nono, pressentant un malheur.

— Ma fille !… Allons donc !… Elle a deviné que j’avais besoin d’elle, te dis-je. C’est toujours ainsi, elle ne reviendra pas. À moins qu’elle ramène le préfet, je ne connais pas à Montpellier de semblable équipage. »

La calèche tourna la grille d’enceinte et après avoir déposé la jeune fille, elle rebroussa chemin. Sur le siège s’agitait un espèce d’être humain, gnome si bien dissimulé que le général n’y vit que du feu.

— Adversaire !… Charlatan !… Adversaire ! paco-