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nono

Nono pour ne pas s’évanouir fut obligé de s’appuyer aux vitraux.

— Rêvé… quand tu étais dans ma chambre ?

— Probablement !

— Rêvé… quand j’étais dans la tienne ?

— Sans doute !

— Rêvé… quand tu m’as baisé les lèvres ?

— Ce qu’il y a de plus rêvé, Nono ! »

Alors il éclata de rire.

— Où vas-tu ? interrogea-t-elle sévèrement.

— Je vais trouver le duc de Pluncey

— Pour ?…

— L’assassiner… et Bruno Maldas eut un geste effrayant de résolution.

— Tu serais donc capable, toi, d’assassiner quelqu’un ?

— Oui ! Quand on fait bon marché de sa vie, la vie des autres n’est rien. »

Elle courut à lui.

— Silence ! les pierres écoutent, sais-tu ? »

Il regarda autour de lui avec un morne désespoir.

— Je t’aimais tant, » fit-il d’un ton sourd.

Elle le poussa dehors en murmurant :

— Laisse-moi… j’ai besoin de penser ! Tu reviendras quand tu m’entendras sonner Louise.

Il s’en alla à travers les allées, ne comprenant plus ce qui arrivait. Mais non, il ne pouvait pas l’épouser, c’était impossible ! Elle avait trop de fortune et sa beauté lui faisait trop peur. Il ne le voulait même pas. Il avait juré, dans l’église de Montpellier, qu’il