— Mon ami, avez-vous étudié l’histoire des Arabes ?…
— L’histoire des Arabes ?… répéta Nono ahuri.
— Oui, mon petit monsieur ; vous y auriez appris que l’hôte est sacré…, à tel point qu’on va jusqu’à lui prêter son lit… et sa femme.
— Je ne suis pas marié ! balbutia Nono, ne sachant plus ce qu’il disait.
— Oh ! soyez tranquille, mon cher, le seriez-vous, je bornerais mes désirs. Ainsi votre général interdit l’entrée de ses propriétés à tous venants ? C’est peu généreux.
— Monsieur, déclara Nono rompant les chiens, je vais vous envoyer un domestique si vous voulez relever votre voiture, mais je vous prie, au nom du général Fayor, de vous retirer.
— Sommations en règles ! fit gaîment le duc. C’est-à-dire que vous prenez sur vous de me mettre à la porte malgré l’histoire des Arabes ?…
— Oui, Monsieur », répliqua nettement Nono.
M. de Pluncey haussa tout à fait le front et plantant son regard glacial dans les prunelles fulgurantes du jeune homme.
— Je ne bougerai pas, mon ami !
— Vous êtes le duc de Pluncey ! s’écria Nono avec un frisson d’angoisse, car il avait deviné le grand seigneur à cette réponse tranchante.
— Qu’est ce que cela peut vous faire ?
— Le général est chez-vous, monsieur.
— C’est à merveille, mon ami ; comme le seul lieu