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nono

t’envoie au fond… je te repince, cracheur de mauvaise mitraille !… »

Il formula plus haut :

— Qu’est-ce donc, cher monsieur, les pompes de Gana sont-elles à réparer ? Je m’intéresse à la commune ! parlez à votre aise… parlez ! »

Le maire eut un sourire équivoque.

— Mille fois bon, général, j’ai lu vos professions de foi, qui, soit dit en passant, ont une verdeur étonnante et toute flatteuse pour leur auteur. Nous ne doutons pas qu’un aussi excellent écrivain ne veille, un jour, du haut de la tribune aux puits de la localité, mais… »

Le général croisa crânement la botte au-dessus du genou.

— Bah ! on fera son devoir… quand je serai nommé, je démasquerai mes positions, et alors !… »

Il guettait le malheureux maire comme un vieux chat guette une souris sans expérience. Ah ! la tactique militaire couvait une solide rancune tout de même ! et lui, le général Fayor, son ad-mi-nis-tré lui montrerait de quel bois on se chauffe en campagne ! Il avait de l’eau, également, mais pas pour mettre dans son vin ! Le maire finit par s’asseoir sur le bord extrême d’un siège et parut encore plus contrit.

— Il y a des circonstances vraiment singulières, général, murmura-t-il, qui forcent tout homme d’honneur à prémunir son semblable, à l’engager…

— Le puits… le puits… nous y roulons ! scandait Fayor à mi-voix.