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nono

nonça une phrase inintelligible, les yeux tournés du côté de l’ombre.

Le guichetier entra précédant le duc.

L’avocat les suivait.

— Venez, dit M. de Pluncey prenant sa femme par les poignets. C’est une folie dangereuse que la vôtre. »

La duchesse n’opposa aucune résistance. Elle se mit à rire.

— Vous savez, dit-elle, monsieur, que Bell m’a suivie jusqu’ici. C’est vraiment très drôle l’esprit d’une bête !… » Et elle riait !…

L’avocat, très étonné de ce dénouement bourgeois pour cette tentative de grande dame, cherchait la chienne.

Nono répétait, chevrotant comme un vieux :

— C’était donc vrai… c’était vrai que votre mari vous attendait derrière cette porte ?… » Et quand on eut entraîné Renée loin de lui, quand il fut persuadé qu’elle avait joué, avec la permission de son maître, la plus odieuse des comédies d’amour, il se prosterna en murmurant dans un spasme.

— Jésus, Jésus, vous n’avez jamais tant souffert que Bruno Maldas, car vous n’avez jamais aimé !… »

La ville de Montpellier et ses environs tinrent à se faire représenter aux assises du lendemain.

Heureusement pour tous, la nouvelle troupe n’avait pas achevé ses répétitions. Les esprits étaient donc, sans concurrence nuisible, attirés vers les péripéties du drame de Tourtoiranne.