Page:Rachilde - Nono, 1885.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
nono

— Êtes-vous remis de vos émotions, demanda Renée avec une douceur charmante,

— Quelles émotions ?

— Eh ! mon cher Bruno, ne faites pas le ténébreux vous augmenteriez l’ombre de cette salle, et puis, ça ne vous va pas. Nous savons que vous êtes amoureux de Mlle Amélie Névasson… qui se marie bientôt. »

Nono versa une larme…, tout ce qui lui restait.

— J’ai eu tort de pleurer beaucoup, dernièrement, on s’en est aperçu, mais Mlle Amélie à raison de se marier. Je suis un vilain parti, moi ! »

Renée, riant de son rire aigu, se renversa sur le dossier de son siège noir.

— Elle vous trouve laid ?

— Sans doute ! répondit Nono navré.

— Ce sont vos cheveux, murmura Renée, indulgente.

— Au contraire, mademoiselle !

— Quand doit-elle se marier ? »

Les yeux bruns de Nono se levèrent, ahuris.

— Elle m’a écrit ce matin pour me remercier de ce que vous savez, et elle me dit la date.

— Moi ! je ne sais rien, Bruno, fit Renée avec une tranquillité parfaite.

— Ah !… »

Bruno demeura confondu.

— Votre mère doit venir dimanche, continua Mlle Fayor, est-ce que vous désirez nous quitter, monsieur Maldas ? »

Le pauvre garçon n’en revenait pas : elle savait tout.