Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/129

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serrures : la seconde est fermée, et je n’ai la clef que de la première.

— Oui, oui, nous sommes trahis, répliqua Vivaldi d’un ton ferme, mais je vois trop bien quel est le traître ! N’espérez pas, malheureux, que votre dissimulation vous sauve. Rappelez-vous ce que je vous ai dit, et réfléchissez encore s’il est bien de votre intérêt de nous perdre. Ouvrez cette porte ou attendez-vous à tout. Quelque peu de prix que j’attache à ma vie, je n’abandonnerai pas cette jeune dame aux horreurs de sa situation.

Elena, rassemblant tout son courage, s’efforça de calmer Vivaldi et d’arrêter les violences auxquelles il était près de se livrer. Soit que le jeune homme fût désarmé par ses prières, soit que l’air d’innocence du frère lui en imposât, il cessa d’exhaler sa colère en plaintes inutiles et se mit lui-même à essayer de forcer la porte ; tentative aussi vaine que désespérée. Retourner sur leurs pas était impossible ; les pèlerins et les dévots remplissaient l’église et la grotte en attendant l’office du matin. Geronimo cependant, toujours impassible et dédaignant de se justifier, leur indiqua une dernière chance de salut : il fut convenu qu’il retournerait dans l’église pour voir s’il n’y avait quelque moyen de les faire sortir par la grande porte. Il les ramena dans la chambre où ils avaient vu de la lumière en passant, et s’en alla.

L’espérance qu’il leur laissait en s’éloignant s’affaiblit peu à peu, à mesure qu’il tardait à revenir, et bientôt l’anxiété des fugitifs devint extrême. L’air froid et l’odeur terreuse du caveau où ils se trouvaient