Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/140

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Elena. Plus calme, il lui prit la main et lui dit d’un ton pénétré :

— Elena, vous savez à quel point vous m’êtes chère. Il y a longtemps déjà que vous m’avez promis, solennellement promis, en présence de celle qui n’est plus mais qui regarde d’en haut, que vous seriez à moi, vous qu’elle a léguée à mon amour !… Au nom de cette mémoire qui doit nous être sacrée, je vous conjure de ne pas m’abandonner à mon désespoir et de ne point céder à un trop juste ressentiment, en sacrifiant le fils à la cruelle politique de la mère ! Ni vous ni moi nous ne pouvons prévoir les pièges qui seront tendus sous nos pas dès que l’on apprendra que vous n’êtes plus à San Stefano. Si nous tardons à nous unir par des liens indissolubles, je sais, je sens que vous êtes à jamais perdue pour moi !…

Elena, vivement émue, fut pendant quelque temps hors d’état de répondre. Enfin, essuyant ses larmes, elle dit à Vivaldi :

— Le ressentiment, mon ami, ne peut avoir aucune part à ma résolution, mais la fierté insultée a des droits qu’elle ne saurait abjurer ; et peut-être les circonstances où je me trouve me font-elles une loi, si je veux me respecter moi-même, de renoncer à vous…

— Ciel ! interrompit Vivaldi en attachant sur elle un regard désolé. Renoncer à moi !… Dites, Elena, dites, est-ce possible ?…


— Hélas ! répondit-elle, je crains, en effet, de ne pas le pouvoir !

— Vous le craignez ! Ô Dieu ! dites-moi