Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/161

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Elena n’eut pas des moments plus tranquilles. Toutes les fois que sa prudence et sa fierté la dissuadaient d’entrer dans une famille qui la repoussait, l’image de Vivaldi venait aussitôt plaider la cause de l’amour et de la reconnaissance.

Le lendemain matin, Vivaldi était à la porte du couvent bien avant l’heure indiquée. Le cœur palpitant, il attendait avec anxiété que la cloche l’avertît du moment où il pourrait entrer. Ce signal donné, il se précipita au parloir. Elena y était déjà. À sa vue, elle se leva toute troublée. Vivaldi s’avança d’un pas chancelant, les yeux fixés sur ceux de sa bien-aimée ; il la vit sourire et lui tendre la main. Plus de doute, plus d’inquiétude ! Il serra la main de la jeune fille dans les siennes, incapable d’exprimer sa joie autrement que par des soupirs profonds et, s’appuyant sur la grille qui les séparait :

— Ah ! s’écria-t-il, enfin vous êtes donc à moi ! … Nous ne serons plus séparés !… À moi Elena… à moi pour toujours !… Mais votre visage s’altère ! Ô ciel ! me serais-je trompé ? Parlez, je vous en conjure, mon amie, dissipez ce terrible doute !

— Je suis à vous, répondit doucement Elena. Nos ennemis ne nous sépareront plus.

Ses yeux en même temps se mouillèrent de larmes et elle baissa son voile. Mais, comme Vivaldi s’alarmait, elle lui tendit de nouveau la main ; puis, relevant son voile, elle lui adressa un doux sourire à travers ses larmes, gage de sa reconnaissance et, au besoin, de son courage.

Avant de quitter le couvent, Vivaldi avait obtenu d’Elena la permission de consulter un religieux du