Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/176

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à l’autre bout, un grand rideau vert sombre tombait devant une arcade intérieure pour cacher, soit une fenêtre, soit les objets ou les personnes nécessaires aux opérations des inquisiteurs. Le plus important des deux personnages dit à Vivaldi de s’avancer. Quand celui-ci fut. près de la table, il lui présenta le livre, qui était un Évangile, et lui enjoignit de jurer de dire la vérité et de garder un secret inviolable sur ce qu’il pourrait voir et entendre. Le jeune homme hésitait à se soumettre à cet ordre ; mais l’inquisiteur, par un regard auquel on ne pouvait se méprendre, lui signifia la nécessité d’obéir. Le serment prêté et inscrit sur le registre, l’interrogatoire commença.

Après s’être enquis du nom, des qualités et de la demeure de l’accusé, l’inquisiteur lui demanda s’il avait connaissance de l’accusation en vertu de laquelle il avait été arrêté.

— On m’accuse, répondit Vivaldi, d’avoir enlevé une religieuse de son couvent.

L’inquisiteur affecta quelque surprise.

— Vous avouez donc ? dit-il après un moment de silence, et en faisant signe au greffier qui transcrivit la réponse.

— Je le nie, au contraire, formellement et hautement.

— Pourtant, reprit l’inquisiteur, vous confessez vous-même que vous connaissez l’accusation portée contre vous. Qui donc vous en aurait instruit, si ce n’est la voix de votre conscience ?

— J’en ai été instruit par les termes mêmes de votre ordre d’arrestation et par les paroles de vos officiers.