Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/270

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angoisses et le désespoir du malheureux amant, véritablement convaincu par son assurance. Mais ensuite il se souvint qu’il était de son intérêt et de celui d’Elena de faire connaître à Vivaldi le lieu où elle s’était retirée, et il lui nomma le couvent de la Pietà. La joie de cette découverte fit taire pour un moment tout autre sentiment dans le cœur de Vivaldi.

Les officiers mirent fin à cet entretien. Schedoni fut emmené par ses gardes ; Vivaldi fut reconduit à sa prison.

Une fois là, il fut quelque temps avant de pouvoir démêler les divers sentiments qui se combattaient dans son âme ; d’un côté, la joie d’apprendre qu’Elena était sauvée, de l’autre, l’horrible idée qu’elle était la fille d’un meurtrier, que son père allait mourir sur l’échafaud et que lui-même, Vivaldi, avait contribué à l’y conduire ! Il voulait douter encore de la déclaration du moine en l’imputant à une basse et atroce vengeance ; mais, quand il réfléchissait à l’avis que Schedoni lui avait donné sur la retraite actuelle d’Elena, il ne pouvait croire à ses intentions cruelles. Dans cette affreuse incertitude, après avoir fatigué son esprit, par la lutte des conjectures les plus opposées, il s’arrêta enfin à l’idée que Schedoni lui avait au moins dit la vérité sur le séjour d’Elena au couvent de la Pietà. Quant à l’autre déclaration du moine, elle était si monstrueuse en elle-même et dans ses conséquences que le pauvre jeune homme faisait tous ses efforts pour en repousser même l’idée.