Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/94

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se porter envers vous aux dernières extrémités.

— Et quelles extrémités plus redoutables, demanda l’orpheline, que l’alternative qu’on me propose ? Pourquoi m’abaisserais-je à une lâche dissimulation ?

— Pour vous dérober, répondit tristement sœur Olivia, aux traitements injustes et cruels qui vous attendent.

Pendant qu’elle parlait ainsi, ses yeux se remplirent de larmes. Elena, surprise de cette extrême douleur, conjura son amie de s’expliquer.

— Ne m’en demandez pas davantage, répliqua sœur Olivia. Qu’il vous suffise de savoir que les conséquences d’une résistance ouverte seraient terribles pour vous. Votre imagination ne peut vous peindre les horreurs du… Mais, ma chère enfant, je veux vous sauver ; et le seul moyen pour moi d’y parvenir, c’est de vous trouver moins éloignée, en apparence, de consentir à ce que l’on vous demande.

Elena, les yeux fixés sur la religieuse, fut frappée d’un soupçon étrange. Elle douta un moment de la sincérité de sœur Olivia et supposa que celle-ci voulait la faire tomber dans les pièges de l’abbesse. Une telle pensée était pour elle un supplice plus cruel que tous les autres, mais un seul regard jeté sur sœur Olivia suffit pour dissiper ses craintes, et elle reprit après un long silence :

— Quand je pourrais me décider à tromper, quel profit m’en reviendrait-il ? Je suis au pouvoir de l’abbesse laquelle mettra bientôt ma sincérité à l’épreuve. Découvrant à la fin ma dissimulation, sa vengeance n’en sera que plus cruelle.