Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

se disait-il, peut être si bien instruit de tout ce qui me touche ? Quel autre peut avoir intérêt à s’opposer à mes desseins, stimulé par la promesse d’une riche récompense ? » Mais, quoiqu’il pût en être de la complicité de Schedoni, il n’était pas douteux pour Vivaldi qu’Elena n’eût été enlevée sur l’ordre de sa famille. Pensant cela, il retourna à Naples impatient d’avoir de son père ou de sa mère des éclaircissements sur cette aventure.

Il obtint d’abord une entrevue du marquis. Il se jeta à ses pieds en le suppliant de faire ramener Elena chez elle. Mais la surprise naturelle et nullement jouée du vieux gentilhomme fit tout de suite voir à Vivaldi que son père ignorait tout des mesures prises contre la jeune fille.

— Quelque mécontentement que m’inspire votre conduite, dit le marquis, je croirais mon honneur entaché si j’appelais à mon aide l’artifice et la violence. J’ai vivement désiré rompre l’union que vous avez projetée ; mais, pour y parvenir, je dédaigne tout autre moyen que l’exercice de mon autorité. Si vous persistez dans votre résolution, je ne la combattrai qu’en vous avertissant des conséquences fâcheuses qu’entraînerait pour vous votre désobéissance. Et, de ce moment je ne vous reconnaîtrais plus pour mon fils.

Cela dit, il sortit et Vivaldi ne fit aucun effort pour le retenir. Ces menaces étaient terribles, sans doute, mais ce qui occupait alors la pensée du jeune homme ce n’était pas l’avenir ; c’était le présent : la perte d’Elena. Cet intérêt pressant le conduisit chez sa mère. Cette seconde épreuve fut bien différente de la préc