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chien que son père avoit aimé. La tante, pressée de partir, fit avancer la voiture ; Emilie la suivit. La vieille Thérèse se tenoit à la porte pour prendre congé de la jeune dame. Dieu vous garde mademoiselle, dit-elle. Emilie, lui prenant la main, ne put répondre qu’en la serrant tendrement.

Plusieurs des pensionnaires de son père étoient devant la porte qui fermoit le jardin, et venoient dire adieu à la triste Emilie. Elle leur donna tout l’argent qu’elle avoit sur elle, et retomba dans la voiture avec un profond soupir. Bientôt après, au tournant de la route, elle saisit un nouvel apperçu du château, qui ressortoit au milieu de grands arbres, et qu’une fraîche pelouse entouroit. La Garonne serpentoit au milieu des bocages ; quelquefois des vignobles en déroboient la vue, mais on la retrouvoit, plus majestueuse encore, à travers des prairies éloignées. Les précipices, la gigantesque hauteur des Pyrénées qui s’élevoient vers le sud, rappelèrent à Emilie mille intéressans souvenirs : mais ces objets d’une admiration enthousiaste n’excitoient plus maintenant que sa douleur et ses regrets.

Valancourt, pendant ce temps, étoit retourné à Estuvière, le cœur tout rempli d’Emilie. Quelquefois il s’abandonnoit aux