Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/118

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mets irréguliers des montagnes : elle se rappela que, par une nuit semblable, elle s’étoit une fois reposée sur une roche des Pyrénées avec son père et Valancourt. Elle entendit au-dessous d’elle les sons bien soutenus d’un violon : l’expression de cet instrument, en harmonie parfaite avec les tendres émotions dans lesquelles elle étoit plongée, la surprirent et l’enchantèrent à la fois. Cavigni, qui s’approcha de la fenêtre, sourit de sa surprise. — Bon ! lui dit-il, vous entendrez la même chose, peut-être, dans toutes les auberges : c’est un des enfans de notre hôte qui joue ainsi, je n’en doute pas. Emilie, toujours attentive, croyoit entendre un virtuose : un chant mélodieux et plaintif l’entraîna par degrés à la rêverie : les plaisanteries de Cavigni l’en tirèrent désagréablement ; en même temps, Montoni ordonna de préparer les équipages de bonne heure, parce qu’il vouloit dîner à Turin.

Madame Montoni jouissoit de se trouver encore une fois sur une route unie : elle raconta longuement toutes les terreurs qu’elle avoit eues, oubliant sans doute qu’elle les décrivoit aux compagnons de ses dangers ; elle ajouta qu’elle espéroit bientôt perdre de vue ces horribles montagnes. —