Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/121

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des ombres, et varioient à tout moment leurs tableaux. À l’orient se déployoient les plaines de Lombardie ; Turin élevoit ses tours, et plus loin, les Apennins bordoient un immense horizon.

La magnificence de cette ville, la vue de ses églises, de ses palais, de cette grande place qui s’ouvre de quatre côtés sur les Alpes et les Apennins, surpassoient non-seulement tout ce qu’Emilie avoit jamais vu en France, mais même tout ce qu’elle imaginoit.

Montoni, qui connoissoit Turin, et qui n’étoit que foiblement frappé de ces aspects, ne céda point aux prières de sa femme, qui desiroit voir quelques palais. Il ne resta que le temps nécessaire pour reprendre haleine, et se hâta de partir pour Venise. Pendant ce voyage, les manières de Montoni étoient graves et même hautaines ; elles étoient sur-tout réservées à l’égard de madame Montoni : mais ce n’étoit pas tant la réserve du respect que celle de l’orgueil et du mécontentement. Il s’occupoit peu d’Emilie. Ses entretiens avec Cavigni rouloient communément sur des sujets de guerre ou de politique, que l’état convulsif du pays rendoit alors fort importans. Emilie observoit qu’en racontant quel-